Faciliter les apprentissages

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Faciliter les apprentissages

Votre communication participe, dans sa forme comme sur le fond, à la facilitation des apprentissages. Ce qui suit se propose de souligner l’intérêt de certains phénomènes déterminants dans le développement de la capacité des apprenants à faire évoluer leurs représentations.

1. La non-directivité

Considérée tantôt comme la panacée, tantôt comme «une monstruosité pédagogique», la non-directivité en pédagogie est l’objet de controverses et plus encore de malentendus. Mais qu’est-ce au juste que la non-directivité ?

Considérons-la d’abord parce qu’elle n’est pas. Elle n’est pas la permissivité. Tout ne peut pas se dire et se faire en situation de groupe de formation. Certaines règles de travail en commun, par exemple, dont vous êtes le garant, doivent être respectées.

Mais qu’est-elle, alors ? La non-directivité correspond à une forme de communication destinée à faciliter l’autonomisation du groupe par la libre expression des idées et des affects dans le but de permettre des apprentissages. Autonomisation donc, et non indépendance. Ce travail en groupe suppose une certaine coordination des activités et une coopération des personnes pour réaliser les objectifs pédagogiques.

Mais alors, comment agir ? 

La première condition pour répondre à cette question est de distinguer le fond et la forme, qui correspondent respectivement aux connaissances transmises ou produites et à l’organisation de travail pédagogique. On peut alors identifier quatre possibilités de structuration de votre communication. Vous pouvez être:

  • Directif sur le fond et sur la forme – Vous utilisez alors des méthodes affirmatives et les techniques pédagogiques mobilisées sont, par exemple, la conférence ou l’exposé.
  • Directif sur le fond et non directif sur la forme – Votre communication se base alors sur la libre expression des participants pour mieux vous permettre d’imposer vos représentations. Il s’agit là de manipulation. Rappelons qu’«il y a manipulation lorsque l’on cache au partenaire quelque chose qui, s’il l’avait connu, l’aurait amené à agir, à penser, à ressentir différemment. Cacher ne signifie pas seulement faire disparaître volontairement quelque chose qui existe, mais aussi ne pas attirer l’attention, ne pas informer d’un aspect de la question, réduire le champ d’exploration d’un sujet à ce qui peut le rendre trayant, etc. (autrement dit, la manipulation par omission qui peut-être elle-même volontaire, calculée ou tacitement acceptée, voire involontaire). En particulier, dans le domaine psychosocial des conduites, c’est cacher tout ce qui pourrait être source de conflit, c’est refuser d’assumer ou de faire assumer les conflits».
  • Non directif sur le fond et directif sur la forme – Votre travail consiste par conséquent à veiller à l’organisation pédagogique du déroulement des séquences pédagogiques, en permettant au groupe de produire ses propres représentations destinées à résoudre les difficultés qu’il rencontre.
  • Ni directif sur le fond ni directif sur la forme – Il y a alors de bonnes chances pour qu’au mieux l’esprit soit festif ou suscite du retrait, mais qu’au pire la situation ne dégénère en conflit généralisé. Dans tous les cas, cette perspective est improductive.

Il vous est donc recommandé de communiquer, selon la situation de formation, en étant directif sur le fond et sur la forme, ou en étant directif sur la forme et non directif sur le fond. Se pose là une question de choix de méthodes et de techniques pédagogiques. Soulignons également que toute communication est éthique en formation en ce sens qu’elle participe simultanément, à des degrés divers, de la promotion de l’altérité et de la réflexivité. Elle permet, en effet, à la fois de prendre conscience de la différence (des autres, de l’autre en soi) et de faire retour sur soi et ses connaissances.

2. L’auto-appréciation

L’autonomisation du groupe relève tant de la dimension cognitive, c’est-à-dire la production de représentations, que de la dimension affective, à savoir la verbalisation des affects. Afin d’éviter toute dépendance affective au formateur et toute dépendance cognitive à ses connaissances, il revient au groupe de s’auto-apprécier dans la réalisation d’activité. Toutes les interventions dont l’objet serait de vous «replacer» comme le référent des productions réalisées (celui qui sait) peuvent être interprétées comme des demandes pour se réassurer ou des comportements d’instrumentalisation de la relation. Il y a donc lieu également de mesurer vos interventions. Il ne s’agit pas d’être totalement frustrant mais de privilégier tous les comportements qui orientent progressivement le groupe vers plus d’autonomie intellectuelle et affective. En ce sens, il vous revient d’apprécier la situation pour savoir répondre à cette demande et la réorienter plus ou moins directement sur le groupe.

3. La valorisation

Dans cette même veine, l’objet privilégié de votre travail de valorisation est la libre expression de l’ensemble des membres du groupe et non les productions réalisées. C’est la raison pour laquelle, vous ne pouvez qu’encourager également les prises de parole dont l’objet est de signifier une incompréhension ou encore une méconnaissance…

4. Les reformulations synthèses

Afin de faciliter la compréhension de tous les participants et la mémorisation, vous pouvez structurer une reformulation synthèse de la production du groupe, dans le cadre de la fonction de facilitation. Elle permet ainsi de dégager le principal de l’accessoire, et d’homogénéiser a minima les représentations. Vous pouvez également ponctuer les moments charnières, tels que l’entre-deux séquences pédagogiques, d’une reformulation synthèse (ce qui n’exclut pas, dans certains cas, de faire appel au groupe pour réaliser ce travail de facilitation).

5. La prise de notes

Faire prendre des notes ou non, telle est la question. De ce point de vue, nous pensons qu’une prise de notes systématique tout au long de la formation est fastidieuse et quelque peu scolaire. Il n’y a rien là qui soit susceptible de mobiliser un adulte en groupe de formation. Hormis le cas, fort rare au demeurant, où cette pratique est normale pour un participant, un document de travail bien réalisé permettra aux participants de se concentrer sur les échanges, tout en notant à l’occasion les éléments sur lesquels vous souhaitez, par exemple, vivement insister. Rappelons pour mémoire que la prise de notes systématisée, sous la dictée du formateur, ne favorise guère l’autonomisation du groupe. Susciter la curiosité, inviter les participants à réfléchir ensemble, ne pas négliger l’humour, et les aider à structurer leurs connaissances contribuent bien plus à la mobilisation, à la compréhension et à la mémorisation.

Extrait : Lavielle-Gutnik, Nathalie. Réussir la conception et l'animation de formarions.
Paris, France: Vuibert, 2005. 166.


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